Ce premier programme nous plonge dans l’éclat des grandes cérémonies parisiennes du XVII^e siècle, où la musique magnifiait la foi et la figure royale. S’il n’eut jamais de véritable poste à la cour, Marc-Antoine Charpentier fut le compositeur privilégié de puissantes congrégations religieuses implantées dans la capitale, telles que les Jésuites ou les Théatins, qui alliaient ferveur et faste pour célébrer Dieu, et le roi.

Aux côtés du Te Deum H.145 et de l’Exaudiat H.162, fresques monumentales mêlant louange divine et exaltation royale, composées vers 1672, révisées en 1677 en pleine Guerre de Hollande puis en 1687 à l’occasion de la guérison de Louis XIV, retentira le Canticum pro pace H.392. À mi-chemin entre motet et histoire sacrée, cette pièce, écrite vers 1676, peut-être pour célébrer une victoire française durant la Guerre de Hollande, exprime l’aspiration à la paix, en résonance avec les négociations de la paix entamées à Nimègue en juin 1676 et conclues en 1678. Le programme s’achèvera sur le Domine salvum fac regem H.283, prière solennelle adressée à Dieu pour la protection du roi.

Une musique vibrante où se mêlent intensité spirituelle et majesté royale, magnifiée par la puissance des effectifs et de l’écriture, très romaine, à double chœur et double orchestre.