Intervenants
- Bénédicte Lecarpentier-Bertrand
Repas, musique et cérémonial à la cour de France, entre XVIe et XVIIe siècles : les instruments de la splendeur
- Thomas Vernet – Fondation Royaumont
Les fêtes extraordinaires du carnaval 1683 au château de Versailles : « une parfaite idée du Palais de la joie »
- Catherine Cessac – CNRS/CESR-CMBV
Le Festin de Didon et Énée de François de Troy : une singulière démonstration de pouvoir
Héritage de traditions anciennes, à mi-chemin entre divertissement et acte rituel, le repas accompagné de musique fut dans les sociétés d’Ancien Régime un élément essentiel de l’affirmation du pouvoir et de la mise en scène du prestige, participant également à l’identité des cercles élitaires, la table étant devenue « le prétexte d’un rituel complexe en même temps que l’enjeu d’une démonstration sociale » (Jacques Revel ).
Alors que le rituel des tables royales contribua, en France comme partout en Europe, à construire « l’image idéale d’une monarchie divinisée et rayonnante » (Jean-Pierre Babelon [2]), les transformations des Lumières, l’allégement de l’étiquette et la naissance de nouvelles sociabilités – où la recherche de l’agrément et du raffinement répondait à une nécessité de prestige – encouragèrent les élites à s’approprier et faire évoluer le modèle curial pour en faire un véritable marqueur social.
Au sein de ce rituel de la table, qu’il venait rehausser et même solenniser, l’élément musical, bien qu’essentiel, reste encore peu étudié. Au-delà des différentes formes, explicites ou plus implicites, à l’ordinaire comme à l’extraordinaire, de « musiques de table », ce séminaire pluridisciplinaire entend ainsi mettre en perspective les questions liées aux répertoires, aux pratiques, aux lieux et aux espaces, aux dispositifs ou encore à l’articulation avec le cérémonial, afin d’éclairer la nature, la fonction et les modalités de l’intégration de l’élément musical dans ce rituel de cour et de sociabilité. En cherchant à mieux comprendre comment la musique répondait aux diverses stratégies de représentation, ces rencontres contribueront enfin à l’étude des formes cérémonielles et mondaines de la performance et de l’écoute musicale sous l’Ancien Régime.
[1] « Les usages de la civilité », dans Histoire de la vie privée. 3. De la Renaissance aux Lumières, Philippe Ariès, Georges Duby (dir.), Paris, Seuil, 1985 ; ibid., 1999 ; Points Seuil « Histoires », p. 185-186.
[2] Versailles et les tables royales en Europe, XVIIe-XIXe siècles, catalogue de l’exposition du Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 3 novembre 1993-27 février 1994, Paris, Réunion des musées nationaux, 1993, Préface, p. 11.