Cet axe étudie les interactions entre la cour et la ville, entre Paris et les périphéries pour appréhender l’évolution et la pratique de différents genres musicaux, qu’il s’agisse du répertoire lyrique, sacré ou instrumental. Il examine la question du « modèle » central et de sa diffusion, en mettant en lumière les particularités locales dans l’acceptation, l’appropriation ou le rejet du modèle. La circulation du répertoire est intimement liée à la mobilité des personnes. Musiciens, compositeurs, interprètes connectent les différents lieux. Leurs carrières, ainsi que leur passage d’une institution à l’autre, ou d’un territoire vers un autre, engendrent un transfert des pratiques. Par ailleurs, dans une période marquée par la définition d’un goût musical national propre à la France, cet axe de recherche s’interroge à la fois sur le possible rôle joué par les influences étrangères dans ce processus, ainsi que sur le rayonnement de la musique française en dehors du territoire.

Centre et périphérie
Dans la France absolutiste, la cour est le centre par définition. Son emplacement change au cours des deux siècles : d’abord nichée au cœur de Paris, elle s’installe à Versailles par initiative de Louis XIV en 1682, y demeurant jusqu’à la Révolution, avec un retour ponctuel à Paris pendant la Régence de Philippe II d’Orléans. Examiner la relation entre la cour et la ville à la lumière de cette mobilité permet d’appréhender autrement l’évolution et la pratique de différents genres musicaux, qu’il s’agisse du répertoire lyrique, sacré ou instrumental. Dans une même perspective, l’analyse des échanges entre Paris et les périphéries, notamment du point de vue de la relation entre institutions (comme par exemple les Opéras de province, créés sur le modèle de l’Académie royale de musique), éclairera la diffusion du modèle central, tout en mettant en lumière les particularités locales dans l’acceptation, l’appropriation ou le rejet du modèle.

Frontières et transferts
Dans une période marquée par la définition d’un goût musical national, propre à la France, il est nécessaire de s’interroger à la fois sur le possible rôle joué par les ingérences étrangères dans ce processus, ainsi que sur le rayonnement de la musique française en dehors du territoire. Des échanges ont bien existé entre la France et d’autres régions européennes, cependant la confrontation la plus marquante a incontestablement été celle avec la musique italienne : soit à l’intérieur du territoire français, soit dans le reste de l’espace européen, dominé par l’italianisme tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles. L’étude de ces transferts ouvre la voie également à une enquête dans la direction opposée : à défaut de ne pas pouvoir exporter ses macrostructures dans leur intégralité (opéra, motet), il est opportun de s’interroger sur les sources de musique française susceptibles de trouver un accueil favorable à l’étranger, tout comme sur les personnes en mesure de les faire voyager et connaître.

Personnes et lieux
La question des espaces est indissociable des mouvements des personnes. Musiciens, compositeurs, interprètes forment la trame d’un tissu qui connecte les différents lieux. Leurs carrières, ainsi que leur circulation d’une institution à l’autre, ou d’un territoire vers un autre engendrent un transfert des pratiques destinées à renforcer, renouveler ou remplacer celles existantes au préalable. Dessiner la carte des lieux de musique des principaux centres du territoire français permet d’identifier leur position dans l’agencement urbain (dans quels quartiers ?) et social (pour quel public ?) et par conséquent, de mieux comprendre leur statut dans la vie culturelle de l’époque.