Ce projet questionne les enjeux de la performance practice dans le rapport des comédiens à la musique. En quoi et comment est-elle une source de réflexion pour comprendre l’évolution de la déclamation entre 1650 et 1780 ? Comment se fait-elle source d’inspiration et de travail pour les interprètes d’aujourd’hui dans les performances historiques.
Il y a quarante ans, les travaux pionniers de Dene Barnett, d’Eugène Green, de Philippe Lénaël et de Michel Verschaeve, parmi les plus notables, ont ouvert la voie à une pensée du jeu ancien réactivé à partir de traités de chant, de grammaire, de prosodie du XVIIe siècle et dans une certaine mesure du XVIIIe siècle. Le travail de déclamation aux XIXe et XXe siècle jusqu’aux années 1940 est lui aussi bien documenté, à la fois par les enregistrements archivés et par les nombreux traités de diction à partir des années 1820. Force est de constater qu’il est une « dent creuse » de l’histoire de la déclamation allant de la fin du XVIIe siècle aux années 1780. Ce projet souhaite montrer comment s’est opérée cette évolution qui, au-delà des aspects phonétiques, rejoint les évolutions esthétiques qui se font jour autour des années 1720-1730 puis à partir de 1750. À travers une étude des récitatifs de Lully à Gluck, et une plongée au cœur des manuels de langue française alors édités, il s’agira de proposer un manuel de déclamation du XVIIIe siècle, fait pour aider le travail de plateau, et appelant à un renouvellement d’une pensée de la scène et de son imaginaire.