Chaque mois, le Centre de musique baroque de Versailles vous concocte une playlist thématique à écouter pour vous immerger dans le répertoire musical français des XVIIe et XVIIIe siècles. Bonne écoute !
Playlist audio #9
Playlist des membres du CMBV, présentée par Julien Charbey, administrateur de la recherche et des éditions.
En cette rentrée de janvier, une playlist collective concoctée à partir des coups de cœur des membres du CMBV. Elle reflète la diversité des passions pour ce répertoire. Tour à tour enjouée, inspirée, tragique, brillante, virtuose, contemplative, terrible ou méditative, sa variété nous a amenée à proposer une douce progression alternant les effectifs et les dynamiques. Une écoute aléatoire risque de provoquer des chocs, mais réorganiser les pistes en fonction de ses humeurs et ses goûts est une excellente approche du répertoire.
Grande pièce royale de Michel-Richard de Lalande par l’ensemble Correspondances et Sébastien Daucé
Une pièce mythique du répertoire, dans un corpus mythique du répertoire, les Symphonies pour les Soupers du Roi. Cette Grande pièce royale, pour retrouver toute sa majesté, est restaurée à cinq parties. Sébastien Daucé lui insuffle une énergie tout en souplesse. Un coup de cœur à la fois musical et pour le travail de restauration.
Chaconne de Robert de Visée par Daniel Zapico
Ce classique de Robert de Visée met en valeur le théorbe, dans une interprétation vivifiante très personnelle et enjouée. Le moelleux des cordes graves enveloppe chaleureusement la ligne mélodique, souple et affirmée.
Me veux-tu voir mourir trop aimable inhumaine d’Antoine Boesset par l’ensemble À Deux Violes Esgales avec Monique Zanetti
L’air de cour dans la première moitié du XVIIe siècle est un laboratoire pour les poètes et les musiciens ; ils y peignent les affects de la manière la plus sensible possible. Monique Zanetti rend cet esprit avec une évidence lumineuse, suivi d’un double ou sa virtuosité parfaitement maîtrisée exprime avec un naturel désarmant la douleur d’un amour non partagé. On a beau travailler depuis longtemps sur l’air de cour, la magie opère toujours.
La Terpsicore de Jean-Ferry Rebel par Jordi Savall et le Concert des Nations
Pas de musique sans danse, pas de danse sans musique et tout particulièrement en France. Ces pièces de Rebel accompagnent la naissance du ballet-pantomime sur la scène de l’Académie royale de musique dans les années 1730. Moins connue que les Caractères de la Danse ou Les Éléments, la Terpsicore, par ses numéros bien tranchés et sous la baguette de Jordi Savall, laisse parfaitement imaginer l’évolution des danseurs sur la scène.
Forêts paisibles, troisième entrée des Indes Galantes de Jean-Philippe Rameau par l’Orfeo Orchestra avec Chantal Santon-Jeffery, Jean-Sébastien Bou et le Purcell Choir sous la direction de György Vashegyi
Cet extrait des Sauvages, la troisième entrée des Indes Galantes, ballet-héroïque de Rameau, est un incontournable tant il est connu, comme la Marche pour la cérémonie des Turcs de Lully extraite du Bourgeois Gentilhomme. Cette nouvelle interprétation, sous la baguette de György Vashegyi rend aussi hommage à la collaboration entre le CMBV et l’Orchestre Orfeo.
Suite à 3 violes en ré majeur d’Antoine Forqueray par Kaori Uemura, Jérôme Hantaï, Alix Verzier et Pierre Hantaï
La viole de gambe, ce cousin du violon, fait partie de l’instrumentarium incontournable de la musique baroque. Plutôt que de faire entendre les grands classiques du répertoire, voici au contraire une œuvre assez rare d’Antoine Forqueray, parmi les rares pièces pour trois violes égales.
Miserere de Charles-Hubert Gervais par Les Ombres sous la direction de Sylvain Sartre avec Nicholas Scott
Le grand motet versaillais fait aussi parti des emblèmes de la musique française. Charles-Hubert Gervais en a écrit quarante-deux pour la chapelle royale de Louis XV, après sa nomination par le régent Philippe d’Orléans. Cette interprétation par Les Ombres sous la direction de Sylvain Sartre rend justice à cette œuvre inspirée.
Prélude de Michel Richard de Lalande par Myriam Rignol, Julie Dessaint et Mathilde Vialle
Ce prélude du grand Michel-Richard de Lalande provient d’un corpus singulier, parent des Symphonies pour les Soupers du Roi : les « Petits concerts qui se font les soirs devant Sa Majesté ». Moins solennel, il appartient au répertoire de sociabilité de la Cour, l’on peut même dire du roi lorsqu’il se rendait dans les appartements de Mme de Maintenon. Compilées à la fin du règne, ces suites diffusent une certaine nostalgie, elles invitent à la rêverie et au repos.
Concerto pour violon op. XII n°1 de Jean-Baptiste Quentin par Johannes Pramsohler et l’ensemble Diderot
Quentin est un exemple brillant, et à découvrir, de l’école française de violon. Johannes Pramsohler grave ici quelques chefs-d’œuvre de ce maître oublié. C’est la mission qu’il s’est donné, avec son ensemble Diderot, à la redécouverte de la naissance de la sonate et du concerto en France.
Suite en ré d’Étienne Richard par Fabien Armengaud
Ces pièces précèdent l’âge d’or du clavecin en France. Mais elles en sont peut-être à l’origine, puisque ce compositeur était le professeur de clavecin de Louis XIV. Fabien Armengaud s’attache à faire revivre cette œuvre avec sensibilité.
Dominus regnavit de Mondonville par Les Arts Florissants
Un classique du grand motet. La porosité entre musique sacrée et profane est ici magnifiquement illustrée. L’agitation des cordes, les « fusées », ces gammes ascendante et descendantes rapides, typiquement utilisées dans l’opéra pour les scènes de tempête, évoquent ici la montée des eaux des fleuves.
Concerto pour violon op.X n°5 de Jean-Marie Leclair par Leila Schayegh et La Certa Barockorchester Basel
L’école française de violon est ici représentée par celui qui est considéré comme son créateur, Jean-Marie Leclair, l’« Ange », face au jeu démoniaque de Locatelli. Leila Schayegh a récemment enregistré une très belle intégrale, un projet qui lui tenait à cœur après la découverte du compositeur aux Grandes Journées du CMBV de 2005 !
Surge Propera de Joseph Valette de Montigny par l’ensemble Antiphona dirigé par Rolandas Muleika avec Pierre Perny
Valette de Montigny fait partie des grands compositeurs qui ne gravitèrent pas à la Cour de France. Natif du Sud-Ouest, il acheva sa carrière à la maîtrise Saint-Seurin à Bordeaux. Il faisait partie des compositeurs chéris par le musicologue Benoît Michel alors qu’il travaillait sur les noëls à grand chœur. Ce très beau CD de Rolandas Muleika et son ensemble Antiphona met pleinement en lumière cette musique.
Polydore de Jean-Baptiste Stuck avec l’Orfeo Orchestra, sous la direction de György Vashegyi avec Cyrille Dubois, Hélène Guilmette, David Witczak, Thomas Dolié et le Purcell Choir
Une tragédie lyrique sombre que ce Polydore de Stuck et Pellegrin. Une écriture raffinée, de très beaux airs, et une tempête qui fait un clin d’œil à Mondonville. Âmes sensibles, gardez-vous de l'air final ! Un coup de cœur autour des musiciens appréciés du Régent, et pour les découvertes qui ont jalonné le partenariat avec György Vashegyi.