Répondante : Barbara Nestola (CNRS, CESR-CMBV)
Intervenants :
- Laurent Guillo (CMBV)
Les sources imprimées de la musique de scène à la charnière des deux siècles : Ballard vs. Ribou
L’analyse des sources de la musique de scène révèle que celle-ci a été imprimée par Christophe Ballard de nombreuses manières : fascicules 4° oblongs, fascicules 12° annexés aux pièces de théâtre, insertion dans les Recueils d’airs sérieux ou à boire ou recueils de comédies en musique. De son côté, Pierre II Ribou publie seulement des airs gravés, recueillis plus tard dans ses « Airs de la Comédie françoise ». Cette intervention va comparer tous types de sources en les illustrant largement, sonder les inventaires pour déceler les sources perdues et finalement s’interroger sur la raison de ces formats multiples, dont la variété se singularise fortement par rapport aux habitudes de l’officine Ballard. L’imprimeur a-t-il réussi à s’adapter à ce marché très versatile ? A-t-il su gérer les contraintes très fortes qui le caractérisent ? Ou les a-t-il contournées ? Au-delà de la musique elle-même, des considérations très techniques et mercantiles doivent être prises en compte ici.
- Matthieu Franchin (Sorbonne Université, IReMus) et Hubert Hazebroucq (Cie Les Corps éloquents)
La fabrique du divertissement : exemples tirés des scènes parisiennes (1692-1697)
À la fin du XVIIe siècle, nombreuses sont les pièces de théâtre qui ont recours à la musique et à la danse, malgré les restrictions imposées par le privilège de l’Opéra. Les années 1690 marquent ainsi un tournant décisif dans l’histoire des relations entre théâtre et musique, avec l’apparition de ce que l’on appelle alors le « divertissement », qui conclut un grand nombre de comédies, et se fonde sur une alternance de chants et de danses s’achevant par une chanson à couplets ou un vaudeville. Émaillées de ces divertissements finaux, les comédies en un acte de Dancourt créées à la Comédie-Française dans la décennie, avec musique de Jean-Claude Gillier, sont emblématiques de cette nouvelle forme de théâtre musical, qui connaît un succès grandissant chez les Français et Italiens, pour s’imposer au XVIIIe siècle, notamment à la Foire. Dans le cadre de cette communication, nous nous appuierons sur une exploration méthodique des répertoires de la Comédie-Française et de la Comédie-Italienne, en regard avec les productions des autres scènes théâtrales, notamment celles de l’Opéra ou de la cour dans la dernière décennie du XVIIe siècle, et nous étudierons les différents types et formes de ces « intermèdes », pour tenter de mieux cerner leur fonction, leur composition, leur mécanismes, afin de mettre en lumière les enjeux dramaturgiques et esthétiques du « divertissement ».