Pour la quatrième édition de Lab’baroque, programme d’accompagnement sur deux ans destiné aux artistes émergents de la musique baroque française, le centre de musique baroque de Versailles soutient Gabrielle Rubio, flûtiste et théorbiste, autour d’un projet qui se déroulera sur le territoire de la Communauté de communes Gally Mauldre (78), centré sur la musique française pour traverso et basse continue.
Lab’baroque est un programme d’accompagnement sur deux ans destiné aux artistes émergents de la musique baroque française. Création de nouveaux programmes, accompagnement scientifique et technique, actions culturelles, enregistrement d’un disque sont au cœur de ce laboratoire.
Pour cette quatrième édition, depuis 2018, le Centre de musique baroque de Versailles soutient Gabrielle Rubio, flûtiste et théorbiste. Son projet, principalement axé sur la musique française pour traverso et basse continue, lui permettra d’expérimenter de nouvelles formes de spectacle, d’explorer un répertoire riche et d’affirmer ses aspirations artistiques, dans un esprit de maillage territorial avec le pays de Gally-Mauldre (Yvelines).
"J’ai vraiment à cœur d’« aller-vers » les publics, de créer des liens forts et des moments de partage informels pour repenser la définition de concert"
Cette résidence met en lumière la musique instrumentale baroque à travers des œuvres de flûtistes et compositeurs français tels que La Barre, Blavet, Hotteterre dit « le Romain », Bodin de Boismortier. C’est à une esthétique de l’intime, du tendre et du sensible que Gabrielle Rubio donnera à entendre.
Chaque période de résidence est accompagnée d’actions culturelles en milieu rural : concerts interdisciplinaires, répétitions commentées, ateliers de découverte du baroque (présentation d’instruments anciens, danse), destinés à divers publics (aînés, enfants, petite enfance, personnes en situation de handicap), avec le soutien de la Caisse des Dépôts, mécène principal du programme Lab’baroque.
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JEUDI 17 OCTOBRE - 19h30
Église Saint-Martin, Crespières
RESTITUTION PUBLIQUE
Résidence n°1 : Transcription
Un mélange sonore entre instrument à vent et instrument à archet
Gabrielle Rubio, traverso
Lukas Schneider, viole de gambe
En savoir plus
L'Interview avec Gabrielle Rubio
- Gabrielle Rubio, vous êtes en début de carrière et avez déjà un parcours très riche. Pouvez-vous nous en parler ?
D’abord formée en flûte traversière et en guitare classique au Conservatoire de Perpignan, j’ai commencé le traverso à 11 ans, avec une Annie Ploquin-Rignol qui enseignait la flûte traversière moderne et la flûte traversière baroque. J’ai ainsi pu pratiquer ces trois instruments en parallèle.
Je suis entrée au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris en 2013 en guitare moderne, puis en 2014 en Traverso. À la suite de mes deux masters instrumentaux, j’ai souhaité commencer le théorbe et la guitare baroque et me suis inscrite au Conservatoire à Rayonnement Régional de Versailles dans la classe de Benjamin Perrot. L’apprentissage du théorbe tisse un lien entre le monde du traverso et de la guitare qui parfois me semblaient trop éloignés dans ma pratique quotidienne. Le théorbe m’enrichit beaucoup en me faisant découvrir un autre pan du baroque, avec notamment la pratique et la réalisation de la basse continue, l’accompagnement des chanteurs… Je suis actuellement en dernière année de cycle de perfectionnement avec Benjamin.
J’ai intégré officiellement en 2022 l’équipe musicale des Arts Florissants avec lesquels j’ai récemment enregistré la fameuse Ouverture en si mineur de Jean-Sébastien Bach, et je joue régulièrement avec l’ensemble Correspondances, le Concert de la Loge, le Concert d’Astrée, les Talens Lyriques… Parallèlement à cette activité nous avons fondé à cinq musiciens, il y a deux ans, l’ensemble Marilou, pour une pratique de la musique de chambre plus personnelle.
Entre 2019 et juin 2023, j’ai suivi la formation au Certificat d’Aptitude avec le Master en pédagogie au même CNSMD de Paris. Et en parallèle, je donne des cours au conservatoire de Saint-Maur-des-Fossés.
- Vous êtes à la fois flûtiste, traversiste, guitariste, théorbiste... Qu'est-ce que ces pratiques vous apportent et quelles sont leurs influences dans votre démarche artistique ?
Être multi-instrumentiste fait partie de mon identité de musicienne. Depuis le début de mes études musicales, j'ai toujours pratiqué un instrument à cordes pincées polyphonique et un instrument à vent mélodique. Les expressivités de ces instruments s’influencent et se complètent selon moi, et ces différents instruments m’apportent de vastes possibilités en terme de répertoire et des « rôles » musicaux différents.
Passionnée de musique française en général et spécifiquement de l’émergence de ce que l’on pourrait appeler la première école française de flûte traversière à la fin du XVIIe et durant la première moitié du XVIIIe siècle, le cœur de mon projet au sein du Lab’baroque est de mettre à l’honneur les compositeurs eux-mêmes flûtistes, tels que Michel de la Barre, Michel Blavet, Jacques-Martin Hotteterre... Cela m'intéresse de rendre hommage à ces flûtistes, et d’illustrer comment ils ont permet l’évolution des possibilités expressives, ornementales et techniques de cet instrument.
Mon deuxième projet-programme se concentrera autour du thème de la transcription, une pratique hautement historique. L’arrangement y sera utilisé comme un moyen extraordinaire de re-découvrir les premières écoles de clavecin français, en en proposant une nouvelle écoute grâce à une formation en duo, traverso - viole de gambe.
Pour le dernier programme proposé, « Clair-obscur », je délaisse un instant le traverso au profit du théorbe en proposant un programme solo avec des pièces de Robert de Visée, Alessandro Piccinini, Étienne Lemoyne, Angelo Michele Bartolotti, Johannes Hieronymus Kapsberger. Un programme nommé Clair-Obscur en référence au courant pictural Caravagesque contemporain de cette musique, et avec un lien plus personnel pour les soirées éclairées à la bougie qui ont symbolisé mes premiers moments intimes de travail sur cet instrument. Pour recréer ce cocon enveloppant, je souhaite proposer ce type de programme avec des jeux de lumière et de spatialisation avec un technicien artiste lumière et un danseur contemporain, afin de proposer aux auditeurs une sorte de bulle-parenthèse, loin du bruit et de la suractivité environnante que nous connaissons quotidiennement.
- Quelle place occupe la médiation et la rencontre avec les publics dans ta carrière d'artiste ?
J’ai vraiment à cœur d’« aller-vers » les publics, notamment les non-spécialisés, de créer des liens forts et des moments de partage informels pour repenser la définition de concert, dont l’anonymat peut être frustrant. Je souhaite que le concert soit un moment de rencontre entre les musiciens et le public, une proposition de découverte et d’émerveillement. Le dispositif Lab’baroque permet cela en créant un environnement intimiste et accueillant.
Avec le soutien de la Région Île-de-France, la DRAC Île-de-France, la Communauté de communes Gally-Mauldre et la Caisse des Dépôts, mécène principal